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Le roi d'aoûtNous sommes au douzième siècle, l’une de ces chaudes journées du mois d’août. Philippe II de France a quatorze ans. Il chasse en forêt et mène un énorme sanglier. Pris par l’action, il distance sans s’en rendre compte les veneurs et se retrouve bientôt seul. Le cœur des bois lui réserve alors la surprise de sa vie. Une rencontre qui bouleversera le cours de l’histoire et le règne de celui amené à devenir Philippe Auguste, le septième roi capétien de France.

Pour Michel Pagel, les fées se mêlent aux hommes, le Peuple habite les rivières, les roches et les forêts et côtoient souvent à leur insu les humains. Ce roman est bien un roman de fantasy et non un roman historique. A ce propos, je vous conseille de lire l’article du même auteur : Roman historico-fantastique, les pièges de la documentation en post-face du roman Le casino perdu. C’est une excellente explication de ce qui différencie un roman tiré de l’histoire et un récit d’Histoire. C’est parsemé d’anecdotes sur la rédaction du roi d’août, un très bon complément au roman.

En ce qui concerne le roi d’août lui-même, le texte est bien écrit, dans un langage en rapport avec l’époque. L’histoire de Philippe est passionnante et les touches de fantasy qui jalonnent le récit sont autant de petites perles qui nous feraient presque préférer cette version romancée de l’Histoire que, de toute façon, plus personne ne peut nous conter au plus juste. Côté contenu, on en revient toujours à des faits avérés de l’Histoire pour repartir de plus belle dans une envolée fantastique. De même, le style est très fluide et le récit va et vient dans le temps par flash backs qui donnent un rythme agréable à la lecture.

Cela donne une très bonne idée de la période couverte avec des personnages hauts en couleurs ; Philippe le Capétien, bien sûr, mais aussi le clan Plantagenêt : Henri, le père et les frères Richard Cœur de Lion et Jean Sans terre (le Cœur de Poupée). Mais aussi leur mère, Aliénor d’Aquitaine qui, entre Capétien (*) et Plantagenêt (**) occupe une place d’Histoire hors du commun. D’ailleurs les femmes jouent ici un rôle primordial à la compréhension du récit. D’Isabelle de Hainaut, premier amour de Philippe, à Isambourg de Danemark, répudiée mais remarquable de dignité en passant par la grande passion de Philippe : Agnès de Méranie, toutes sont très attachantes à leur manière.

Mais si l’époque est narrée avec force détails romanesques, l’auteur ne se prive pas de faire transparaître son avis sur ces guerres de l’époque, en appuyant sur ce qu’il y a de plus barbare, de plus sanguinaire et surtout de plus injuste envers le petit peuple pour satisfaire la soif de pouvoir des grands et la compétition de souverains bien peu économes de la vie de leurs sujets. D’alliance en mésalliance, c’est aussi l’occasion de voyager dans l’Europe de l’époque et jusqu’en Terre Sainte. Du temps ou la Flandre, aujourd’hui belge appartenait à la couronne de France, où Saladin menaçait le royaume de Jérusalem, et où le Pape avait son mot à dire dans la vie politique des royaumes et empires d’Europe, jusque dans la vie conjugale des rois et reines.

C’est donc un roman qui vaut grandement le détour. A conseiller à la fois aux amateurs de fantasy, aux amateurs de romans historiques à la Dumas et aux collégiens voulant réviser leur Histoire de France en douceur.

Autre avis : Fayries

(*) Par son premier mariage à Louis VII, père de Philippe qui fera annuler le mariage pour consanguinité. On ne parlait pas divorce alors.
(**) Par son remariage à Henri, roi d’Angleterre, comte d’Anjou et du Maine, duc de Normandie, puis duc d’Aquitaine.

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