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Il y a des jours où, à discuter avec une personne on peut se dire « je viens de croiser la passion, la vraie ». Je ne parle pas de coup de foudre entre individus. Je parle de cette lueur dans les yeux qui anime tout à la fois les fous et les génies, les artistes et les fanatiques.

Ecouter quelqu’un parler de son Art, c’est comme entendre prêcher un religieux. Celui qui ne cherche pas à convertir mais qui est tellement pris par son sujet qu’il subjugue son auditoire et rallie à sa cause le dernier des incrédules. C’est certes un peu dangereux mais qu’est-ce que c’est beau.

J’ai déjà rencontré des gens comme ça, épris de leur travail. Dans le milieu de la science et de la recherche, c’est chose fréquente et écouter un soutenance de thèse peut devenir un véritable plaisir, quand l’orateur est tout à la fois talentueux et pris dans son sujet. Mais dernièrement, je suis passée un cran au dessus, si je peux dire.

Une personne de mon entourage possède cette lueur de folie douce dans les yeux. Il écrit un livre. Et quand il raconte son aventure de compositeur des mots, ses paroles sont de miel. Pourtant l’histoire est simple. D’abord il aime lire et peu à peu, le bout de la plume le démange. Il commence à écrire, de la poésie, de courtes histoires, seul ou dans un collectif. En même temps, il fait de la musique, du dessin et travaille dans une société d’informatique. Jusqu’au soir particulier où un pari est lancé entre trois amis : « Et si on écrivait un bouquin, un vrai livre ».

De là tout est parti, même si la notion de point de départ est totalement dénuée de sens ici. Il a toujours été fait pour ça, de l’encre coule dans ses veines et les mots sortent naturellement. Bien sûr il faut travailler et retravailler les textes, avoir un œil extérieur critique et ré-écrire encore certains passages. Il passe des soirs à lire l’œuvre complète d’un auteur pour s’imprégner de lui. Des heures à étudier le style comparé d’un auteur et de sa femme. Auteur classique ou contemporain, tout y passe. Ainsi les pages s’enchaînent et comme il le dit lui-même : « ce tas de feuilles en bordel, c’est ma porte ouverte vers un autre monde ».

L’un des trois compères vient d’être publié. Son livre, un pamphlet moderne, a fait un carton. 20 000 exemplaire vendus, les émissions de télé qui suivent les émissions de radio et une nomination au Goncourt. Le livre de mon ami est en cours de relecture. J’espère pour lui qu’il sera publié et recevra l’accueil qu’il mérite. Mais surtout, je lui souhaite de garder cette flamme dans les yeux et de continuer à me subjuguer quand je l’entends parler de ses lectures et de son écriture. Et j’espère qu’il pensera à revenir jouer de la guitare dans mon salon.

Écrit par ALaure, le dimanche 29 octobre 2006 à 23:57|.