Instant de philo
Ecrit par ALaure / jeudi 12 février 2004Lors d’une conversation avec un copain, cette après-midi, on en est venu à parler de « qu’est-ce que tu ferais si tu savais que tu mourrais dans un mois ? ». Lui a répondu : « je ne changerais rien ! » et moi quelque chose comme : « Un truc fou, je ne sais pas quoi. Peut-être que si mon banquier ne le sais pas, j’emprunterais des sous pour finir mes cours de pilotage et voler sur toute la France. Et je me suiciderais sur la plus belle montagne à H-1 ». Enfin, un truc un peu idiot, quoi.
Je crois surtout que si on me disait : « tu mourras le jour j à hh:mm », j’aurais tendance, avec l’esprit de contrariété qui me caractérise, à vouloir faire mentir la personne et me suicider avant ou m’accrocher et mourir plus tard. Je serais un peu vexée que ça se réalise au jour près, à la minute près. Je veux avoir ma vie en main. Ma mort aussi.
De là m’est revenu une conversation avec mon prof de philo. Un type assez bizarre, qui donnait l’impression d’être un peu dérangé (doux euphémisme) et qui avait quand même présenté sa thèse en trois langues, le français l’allemand et l’arabe, je crois… Une tronche, quoi ! Il soutenait que par définition, la mort est quelque chose qui vous tombe dessus et que quelqu’un qui se suicide aura sûrement raté sa vie et surtout raté sa mort. En effet, le suicidaire tente de prendre rendez-vous avec la mort, de la vaincre, mais au final, c’est elle qui lui tombe dessus. Il a raté sa mort. Enfin, si je me souviens bien de ce qu’il racontait. C’est un truc qui m’avait marquée à 17 ans.
Le même prof avait un répertoire complet d’anecdotes pour étayer ses théories. Il avait eu une verte altercation avec un copain à cause d’une histoire de conscience chez les animaux. L. soutenant qu’un chien avait une conscience et lui, bien sûr, que c’était faux. Je me souviens aussi de ses blagues misogynes genre « Bonjour Monsieur Untel. Vous en faites une drôle de tête ! Vous venez de vous marier ? », ou « La plus belle parure d’une femme ? C’est le silence ». Ou encore sa maxime préférée : « Inutile de se venger d’une femme, le temps s’en charge pour vous. ».
Bref, c’est un type qui m’a marquée. Je crois qu’il m’aimait bien. Il m’avait offert Les confessions de JJ Rousseau avant même que je ne sois dans sa classe. A moins que ce ne soit mon père, son chef, qu’il aimait bien, en fait 😉 Mais comme il m’a fait avoir la moyenne au bac de philo, je ne vais pas lui en vouloir 🙂 En tout cas, moi je l’aimais bien.